‘Île fantôme’, Phuket fait profil bas dans une Thaïlande sans touristes
PHUKET : Les go-go danseuses restent assises avec leurs téléphones dans les bars vides qui s'alignent dans les rues désertes de touristes alors que l'île continue à lutter face aux ravages de l’épidémie de coronavirus, sans grand signe de reprise prochaine.
Les piscines sont désertes, les chaises sont empilées dans des restaurants vides et les plages habituellement bondées sont tellement calmes qu’elles voient de rares espèces de tortues revenir pondre.
L’an dernier, plus de neuf millions de touristes ont visité Phuket, la deuxième destination du Royaume après Bangkok.
Aujourd’hui, presque tous les 3,000 hôtels de l'île sont fermés et la ville touristique principale, Patong, est devenue une “ville fantôme”, dit le magnat local Preechawut Keesin, propriétaire de cinq clubs et quelques 600 chambres d’hôtel.
Jusqu’à présent la Thaïlande a été relativement épargnée par l’épidémie avec environ 3,600 cas confirmés et seulement quelques dizaines de morts.
Mais la décision du Royaume de se concentrer sur la lutte contre le virus a frappé brutalement l’économie, qui devrait se contracter de 7% à 9% cette année, forçant des millions de personnes au chômage.
“Mon patron veut que j’aide le personnel à conserver leurs emplois, mais je ne sais pas si je pourrais survivre après la fin d’année.” soupire Jantima Tongsrijern, directrice du Pum Pui Bar.
‘Pire que le tsunami’
En temps normal, 80% des revenus de l'île proviennent du tourisme, un secteur qui emploie plus de 300,000 personnes.
Des dizaines de milliers de personnes qui ont perdu leur emploi sont rentrées dans leurs provinces natales.
La vie est dure pour ceux qui restent.
Certains ont accepté d’importantes réductions salariales, d’autres n’ont d’autre choix que de se joindre aux longues files des centres de distribution alimentaire ou de ‘racler les fonds de tiroirs’ pour tenter de dégager un modeste revenu.
Orathai Sidel, propriétaire d’un bar, dit qu’elle avait l’habitude de gagner B100,000 par mois pendant la saison haute.
Son commerce victime de la pandémie, elle et maintenant obligée de vendre des desserts dans la rue, et ne gagne plus que B100 par jours pour tenter de payer les frais de scolarité de ses enfants.
“Nous luttons pour survivre.” dit Poi, une autre vendeuse, licenciée du restaurant où elle travaillait en Juin.
Phuket devait accueillir les premier touristes de Thaïlande depuis Avril dans le cadre ‘une expérience prudente décidée par le Royaume, mais leur arrivée ne fait qu’être repoussée.
Et la quarantaine obligatoire de deux semaine est chère – des dizaines de milliers de bahts par personne – et donc destinée à un marché de niche.
“Nous devons nous charger de développer le tourisme auprès des clients locaux et les voyageurs individuels plutôt que de se concentrer sur le tourisme de masse.” dit Preechawut Keesin.
Avant l’épidémie, les vacanciers nationaux ne représentent que 30% des visiteurs de Phuket, forçant le secteur touristique local à repenser son modèle économique.
Les ‘séjours’ ont été offerts aux touristes nationaux à des prix de B1,000 les deux nuits, vols inclus depuis Bangkok – mais ces prix défiants toute concurrence signifient que les hôtels ne couvrent pas leurs coûts.
“Nous n’attendons pas un retour à la normale avant trois ans.” prévoit Kongsak Khoopongsakorn.
“La situation est bien pire qu’après le tsunami de 2004.”
Article original : AFP / The Phuket News
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