L’esprit du Festival Végétarien expliqué par le responsable de l’association des temples de Phuket
PHUKET : Prasert Fakthongphol, 68 ans, est le fondateur et président de l’association des temples de Phuket. Il est né et a grandi à Phuket, et est diplômé de commerce du Dusit Commercial College de Bangkok. Il est le président de l’association depuis 2001, et possède une compagnie de transport.
Il aborde ici avec nous le vrai but, la vraie tradition derrière le Festival Végétarien de Phuket.
Le ‘Festival’ Végétarien n’en est pas vraiment un, mais plutôt une tradition.
L’objectif est de faire une pause quant aux crimes et aux ennuis que l’on peut
causer aux autres. Cela permet de se maintenir loin des dangers et des tumultes
de la vie.
C’est une tradition spécifique à Phuket, et non pas une tradition partagée dans
toute la Thaïlande. Nous la pratiquons depuis des milliers d’années. Elle ne
s’adresse pas à quelqu’un ou à un groupe en particulier, nous ne faisons aucune
différence, donc qui vous êtes ou d’où vous venez n’a aucune importance. Tout
le monde est invité a participé, tout le monde est le bienvenu.
A Phuket, nous appelons ca ‘Jia Chai’, mais on peut tout aussi bien dire ‘Jeh’.
Le plus important est de ne pas manger de chaire animale. Certains participent
pour manger des plats succulents, d’autres organisent des concours de cuisine,
mais ni l’un ni l’autre ne reflètent l’objectif réel de cette tradition.
Elle a commencé à Phuket il y a plus de 200 ans. Elle a cessé d’être pratiquée
en Chine lorsque le pays est passe sous le régime communiste. Ils ont interdit
l’usage des bougies, des cierges, de l’encens car c’était considéré comme du
gaspillage. Voilà comment cette tradition a disparu de Chine.
Les principes de Jia Chai sont décrits de façon très détaillée, mais personne
n’est obligé de les respecter. Cela dépend uniquement de chacun et de la manière,
stricte ou non, dont il veut observer ces principes. Si vous décidez de renoncer
à la viande, vous pouvez. Si vous souhaiter faire plus que cela, vous en
profiterez.
Ces principes demandent que l’on conserve son calme en toute circonstance. Cela
veut dire ne pas parler de façon superflue pendant les neuf jours que dure la
tradition. Il faut aussi conserver un corps sain et un esprit en paix.
Pour la paix de l’esprit, vous devez vous distancer de l’aspect matériel des
choses – gout, odeur, son. C’est pour cela que vous ne devez consommer que des légumes
bouillis, l’un des buts de la tradition étant de ne pas manger de nourriture
savoureuse.
Vous pouvez prier, peu importe la langue que vous parlez. Votre religion n’a
pas d’importance, cette tradition transcende la religion.
Nous ne recevons aucune aide ni aucun soutien du gouvernement et fonctionnons
uniquement grâce aux dons. Le bureau de l’inspecteur général (OAG) veille à ce
que les gouvernements locaux ne donnent aucune subvention aux temples.
Le gouvernement ne soutient pas cette tradition car elle n’est pas considérée
comme faisant partie de la culture thaïe. Mais nous sommes thaïs, et nous la
pratiquons. Je suis né ici, et j’adore la Thaïlande. Nos ancêtres viennent de
Chine, mais cela ne veut pas dire que nous sommes chinois. C’est la culture de
nos ancêtres et nous la perpétuons.
L’autorité du tourisme de Thaïlande promeut le festival, mais nous ne recevons
aucun autre soutien. Nous pratiquons cette tradition depuis plus de 200 ans. Ce
n’est pas un festival que l’on peut arrêter du jour au lendemain. C’est une tradition
de Phuket, même si le gouvernement ne la soutient pas.
Les gouvernements locaux tentent de nous aider mais leur marge de manœuvre est limitée
car ils doivent suivre les instructions du gouvernement central.
Nous avons uniquement le droit d’utiliser les armes citées dans les légendes,
chaque dieu dispose de ses propres armes. Si quelqu’un veut utiliser des armes
modernes, nous préférerions qu’il ne participe pas à notre parade. Nous ne
voulons pas voir d’armes à feu ni de panneaux publicitaires. Nous comprenons
que les jeunes et les ados veulent impressionner, mais nous essayons de
surveiller au maximum de telles pratiques.
Nous ne pouvons pas contrôler le comportement de tout le monde, mais les gens
qui veulent vraiment s’impliquer dans ces neuf jours de célébrations trouveront
toujours un moyen de la faire de manière appropriée. Il y a des centaines de
vendeurs ambulants et nous ne pouvons pas tous les surveiller. Ils ont le droit
de vendre ce qu’ils veulent, j’espère seulement qu’ils vendent des plats adéquats
pour que les gens qui viennent à Phuket puissent apprendre ce qu’est réellement
le festival végétarien.
Article original :
Chutharat Plerin / Phuket Gazette