Guerre des clans : le journal du boss des tuk-tuks assassiné lève le voile sur la mafia des transports de Patong
PHUKET : La police a présenté le journal personnel de Sakol Sompotch, le président du Patong Tuk-Tuk Club assassiné la semaine dernière, une preuve essentielle dans leur recherche des meurtriers.
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Le journal détaille le déroulement du conflit entre M. Sakol et Wattana “Dam” Nawakeaw, 38 ans, chef du “KT Tuk Tuk– Taxi Service”. Wattana est maintenant inculpé de conspiration en vue de l’assassinat de M. Sakol.
Le groupe KT est légalement reconnu par le gouvernement pour opérer à Kata et Karon. Ils peuvent conduire des passagers ailleurs sur l’ile mais ne doivent pas les prendre en dehors de leur secteur légalement reconnu.
Cependant, M. Wattana et ses chauffeurs de tuk-tuk ont délimité un territoire ‘qui leur appartient’ en plein cœur de Patong. Ils l’ont fait de manière illégale, et plus de deux ans après que l’armée a pris des mesures sévères pour que la police démantèle la mafia des transports.
M. Sakol a été assassiné au petit matin jeudi 25 Octobre, abattu par ses assaillants qui ont ouvert le feu à bout portant à quatre reprises sur son tuk-tuk. Le meurtre a eu lieu devant la résidence Phuket Villa sur Phra Phuket Kaew Road a Kathu juste avant 3h.
La police a rapidement avancé dans son enquêté la conduisant à deux arrestations. Wattana “Dam” Nawakeaw, 38 ans, et un jeune homme de 17 ans que la police appelle Thong, ont été conduits en détention vendredi dernier, après l’émission de deux mandats d’arrêt le même jour.
Les deux ont été inculpés de conspiration en vue de commettre un meurtre, conspiration en vue d’acquérir illégalement une arme à feu et conspiration en vue d’apporter une arme à feu sur la voie publique sans autorisation.
Wattana a nié les faits, mais Thong a avoué son implication dans le meurtre, raconte le chef adjoint de la police de Kathu le lieutenant-colonel Amponwat Seangreung a The Phuket News.
Des mardi 1er Novembre, la police a mis en détention un autre suspect, mais quatre autres personnes restent en fuite, parmi lesquelles le tireur et le chauffeur, explique le colonel Amponwat.
Les quatre autres ne sont plus à Phuket ajoute-t-il.
“Nous avons localisé deux autres suspects. Ils ont été arrêtés et seront transférés à Phuket pour y être inculpés et nous continuons de chercher les deux derniers” poursuit le colonel Amponwat.
LE COUP
Le ‘coup’ a été commandité auprès d’un groupe de sept personnes dont trois sont des adolescents, indique le colonel Amponwat. “Il font tous partie de la même famille ‘élargie’” explique-t-il.
Tandis que le journal et les enregistrements audio et vidéo l’accompagnant constituent une preuve essentielle, l’arrestation et la traque des suspects en fuite suit les indices concordants avec les témoignages et les enregistrements de vidéo surveillance publics et privés et les échanges sur les médias sociaux, signale le colonel Amponwat.
“Notre enquête démontre qu’il s’agit d’une exécution planifiée” dit-il.
The Phuket News a été autorisé à lire – et à retranscrire – la totalité des notes du journal de M. Sakol pour la journée du 25 Octobre.
Cependant, le colonel Amponwat a interdit The Phuket News de publier les mots exacts écrits par M. Sakol. Il n’a pas non plus permis The Phuket News de consulter d’autres pages.
Le colonel Amponwat a également refusé de fournir les images des caméras de vidéosurveillance. “Elles seront présentées à la cour comme preuves” dit-il.
'BEAUCOUP D’ARGENT'
Le colonel Amponwat dit qu’il doit encore déterminer combien a couté le contrat. “La dispute concernait beaucoup d‘argent – beaucoup d’argent” dit-il.
Par exemple, le colonel Amponwat explique que les tuk-tuks illégaux coutent environ 150,000 baths chacun. “Mais opérer un tuk-tuk en toute légalité coute entre 700,000 et 800,000 baths” ajoute-t-il.
Toutefois, le chef du bureau des transports de Phuket (PLTO) Sommai Sutkhao annonce qu’inscrire un nouveau tuk-tuk coute moins de 1,000 baths. “Cela n’inclus pas le permis de transporter des passagers, qui coute 1500 baths pour sept ans” dit-il.
Interrogé sur combien de tuk-tuks étaient autorisés à opérer a Patong, M. Sommai a répondu “Je ne m’en souviens plus, mais il y en a environ 1,200 au total à Phuket.”
Interrogé si le PLTO autorise d’autres tuk-tuks à exercer à Patong, il a répondu “Non, ce n’est pas permis.”
Expliquant la grande différence dans le cout d’exercice d’un tuk-tuk a Patong, le colonel Amponwat a signalé “cela coute des centaines de milliers de baths pour rejoindre un point de tuk tuk a Patong”
LE CLAN DES TUK-TUK
Pour ne rien arranger, Wattana et son groupe ont pris position dans un secteur où les chauffeurs du Patong Tuk-tuk Club opéraient depuis des années, indique le colonel Amponwat.
“Leurs ‘points de collecte’ sont proches l’un de l’autre” dit-il. “Il y a à peu près 20 tuk-tuks illégaux dans ce secteur. Les informations concernant ces tuk-tuks seront envoyées au bureau des transports de Phuket ultérieurement”
Le déclencheur de l’assassinat serait la plainte déposée par M. Sakol contre ces chauffeurs de tuk-tuk illégaux.
En 2014, seulement six mois avant que l’armée n’envahisse Patong lors du très médiatique démantèlement des mafias des tuk tuks et taxis, M. Sakol avait mené un blocage interdisant la circulation vers et en dehors de Patong.
Parmi les plaintes formulées par M. Sakol, il avait demandé une répression sérieuse contre les chauffeurs de tuk tuks illégaux et accuse la police de travailler avec des figures de cette mafia les laissant travailler en toute impunité.
Deux ans plus tard, Watanna et ses chauffeurs étaient de retour à Patong, aucune action n’étant entreprise par la police jusqu’à ce que M. Sakol, le 6 Septembre, dépose a nouveau plainte accusant Wattana et ses chauffeurs d’exercer a Patong de manière illégale.
“Nous avons interrogé la police de Patong a ce sujet. Ils disent avoir répondu à la plainte immédiatement. Pour plus de détails à ce propos, il faudra leur demander” dit-il.
L’amende pour cette entorse à la loi représentait une bouchée de pain, mais cela était avant que M. Sakol, lors du blocus de 2014, demande au gouvernement d’augmenter le montant de ces amendes à 2,000 baths par infraction constatée.
Toutefois, le chef Sommai du PLTO a confirmé à The Phuket News mercredi que les peines encourues sont de 2 ans de prison et 200,000 baths d’amende.
PARTI POUR CONTINUER
Suite au démantèlement opéré par l’armée sur les mafias des taxis et tuk tuks de Phuket – et au discours du premier ministre le général Prayut Chan-o-cha a l’aéroport de Phuket le 16 Septembre cette année avertissant que “le problème des mafias ne doit pas se reproduire” – la police de Patong n’a fourni aucune explication quant à comment autant de tuk tuk illégaux pouvaient exercer à la vue de tous dans la ville la plus animée de Phuket.
“Nous avons mis en place des check points et contrôlons les taxis et tuk tuk qui se trouvent dans les queues, et informons le public que des véhicules illégaux sont bannis de ce secteur” disait mercredi dernier le chef de la police de Patong le colonel Chaiwat Uikum.
“Nous vérifions que les tuk tuks sont bien inscrits et que les chauffeurs disposent bien des permis adéquats et qu’ils sont bien autorisés à transporter des passagers” a-t-il dit.
En parallèle, le colonel Amponwat a pris position du côté de M. Sakol contre les chauffeurs illégaux que ce dernier rencontrait chaque jour.
“M. Sakol avait reçu des menaces mais est resté déterminé à vouloir faire appliquer la loi. C’est ce que l’on risque à se confronter à des personnes influentes a Patong” a-t-il dit.
Article original :Tanyaluk Sakoot / The Phuket News